L’art contemporain à Paris s’expose désormais à la Bourse de Commerce – Pinault Collection. Ce nouveau musée né de la volonté du collectionneur François Pinault réunit pour « Ouverture » 200 œuvres d’une trentaine d’artistes dont plus d’un tiers, présents pour la première fois dans le cadre de la collection.
Vue exposition galerie 5 – Ouverture
Franchir la porte, laissant à l’extérieur la colonne Médicis vestige de la Renaissance, c’est voyager dans l’histoire sociale et architecturale de ce monument parisien du quartier des Halles de Paris. D’abord Halle au blé sous le règne de Louis XIV, elle est transformée en Bourse de Commerce inaugurée pour l’Exposition universelle de 1889. Restaurée, elle devient musée quand l’architecte Tadao Ando inscrit, en son cœur, un cylindre de béton de 29 mètres de diamètre pour 9 mètres de haut, percé de 4 portes identiques.
Entrer dans ce nouvel espace d’art, lever les yeux vers la lumière de la coupole, graver sa fresque dans ses neurones est une expérience émotionnelle. Dont les résonances empruntent la réplique en cire pigmentaire de L’Enlèvement des Sabines de Giambologna et celles des sièges de cette installation de Urs Fischer. Allumées le temps de l’exposition, elles fondent inexorablement. Le temps s’écoule, les époques passent, les différents usagers de la Bourse de Commerce aussi.
© Urs Fischer Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich. Photo : Stefan Altenburger
Puis suivant le cercle extérieur du cylindre de béton percé de 863 trous de banche, les vingt-quatre vitrines de 1889 mises en scène par Bertrand Lavier.
L’escalier à double révolution du XVIIIe siècle, souligné par les lustres De Ronan et Erwan Bouroules, utilisé par les porteurs de sacs de blé donnent accès au sommet du cylindre. Ainsi qu’aux galeries où peinture, sculpture, œuvres sonores, lumineuses, performance portées par les artistes présents de la collection. Leurs fenêtres s’ouvrent sur le jardin Nelson -Mandela, la Canopée, le Centre Pompidou, l’église Saint-Eustache, la tour Saint-Jacques…
A l’étage au dessus le grenier à blé avec vue sur la fresque, en toile marouflé sur 1400 m2 représentant des échanges commerciaux, marquée par la pensée colonialiste.
Une descente jusqu’à la salle des machines pour les chambres froides des commerçants des Halles, rappelle un quartier au travail. Mais aussi laisse entendre la musique de l’univers au Foyer de l’auditorium avec The Ground 2019, l’installation de Tarek Atoui. Ou bien encore au Studio, testez l’influence de votre présence sur La Gymnopédie n°1 d’Erik Satie avec Offspring 2018 de Pierre Huygue.
Tarek Atoui ©
Les pigeons de Maurizio Cattelan observent les visiteurs depuis la rotonde. Visiteurs qui s’agenouillent devant La souris animatronique de Ryan Gander alors que dans la vraie vie ils grimperaient au rideau de quoi inspirer Plantu. Les chaises de Tatiana Trouvé s’invitent elles dans les galeries.
Entrez dans la dynamique spatiale de la Bourse de Commerce impulsée par Tadao Ando. Saisissez le lien entre passé et présent de cette figure de proue des Halles toute en courbe. Découvrez « Ouverture », déposez sur le velours de votre œil les œuvres de la collection choisies par François Pinault.
Sabine Vaillant
Couleur Bulle
Ouverture – jusqu’au 31 décembre 2021
Bourse de Commerce – Pinault Collection
2, rue de Viarmes Paris 1er