

La Cinémathèque ouvre ses écrans à Glauber Rocha, grande figure du Cinema Novo, monument décadent du cinéma militant et enfant terrible du Brésil, également journaliste et auteur, disparu à 42 ans au Brésil. Dont l’œuvre souvent méconnue « traduit les tourmentes d’une époque, de l’imprécation artistique à l’ambiguïté politique de ceux, qui, comme lui, ont tenté de croire à une forme nécessaire, urgente et poétique d’engagement »(1).

Avec en ouverture de sa rétrospective Antônio das Mortes – 1969, présentée avec Sylvie Pierre Ulmann dont le documentaire, L’Homme aux cheveux bleux – 1989 – Sylvie Pierre – Georges Ulmann, livre un portrait de Glauber Rocha (2)
- GLAUBER ROCHA – 1939 – 1981

A la proue du Cinema Novo, la vague qui emporta le cinéma brésilien des années 60 – 70 dans une furieuse embardée et que Rocha finit même par transcender, en une douzaine de films politiques et mystiques. Hors de tout carcan, ses fictions, d’une ambition démesurée, avec la volonté de faire exister un cinéma national affranchi des règles de narration et de production dominantes dont celles d’Hollywood, convoquent aussi bien le néoréalisme Barravento – 1962 que Ford, Pasolini, Welles ou le western italien naissant Le Dieu noir et le diable blond – 1964 , Antônio das Mortes – 1969. L’œuvre d’un sorcier, qui donna à voir un autre Brésil, loin des clichés, et un autre cinéma, loin de tout ce qui s’était fait avant lui.

Glauber Rocha, charismatique et turbulent, cinéaste qui connu le succès international, tomba dans l’oubli dans les années 80. Figure de proue du Cinema Novo, cette vague nouvelle, politique et cinéphile, qui réinventa la face du cinéma brésilien dans les années 60. A la Cinémathèque jusqu’au 21 mars 2025.

20 mars 2025
(1) Conférence de Gabriela Trujillo – Qui êtes-vous Glauber Rocha ? Jeudi 20 mars 19 h avec film Têtes coupées – 1970

(2) Sylvie Pierre auteure également de Glauber Rocha – Paris 1987, Editions des Cahiers du cinéma.
Sabine Vaillant
© Couleur Bulle

- Antônio das Mortes – 1969 – Glauber Rocha
Brésil – 95 min
Musique : Marlos Nobre, Walter Queiroz, Sérgio Ricardo et musiques du folklore de Bahia et Minas
Avec : Mauricio do Valle, Odete Lara, Othon Bastos
Antônio das Mortes, un ex-tueur à gages, reprend ses activités lorsque le colonel Horacio, riche propriétaire lui offre de l’argent pour abattre publiquement Coreira, agitateur des foules. Coreira dirige une bande de féroces paysans, les beatos, en compagnie d’un ex-esclave africain et d’une sainte de la région.
Antônio provoque en duel Coirana sur la place publique. La foule chante et danse en entourant les deux hommes engagés dans une lutte à mort. D’un coup de machette, Antonio blesse mortellement son adversaire. Antônio boit tristement tandis que l’instituteur du village le nargue. Lorsque le colonel Horacio fait appel aux jaguncos, cruels tueurs à gages, afin de massacrer les beatos, Antônio comprend que la justice devrait être du côté des déshérités et change de camp.
Antônio das Mortes, plonge dans l’univers violent et mystique du Nordeste brésilien. À travers une fresque à l’esthétique baroque, sur fond de musique lancinante, Glauber Rocha évoque un univers où les mythes et la réalité se confondent. Œuvre majeure du cinéma brésilien. Le film fait sensation au Festival de Cannes, où il reçoit le prix de la mise en scène.
Antônio das Mortes un film difficile à aborder sans éléments de contexte.
- FILMOGRAPHIE GLAUBER ROCH – RÉALISATEUR
Longs Métrages
1962 : Barravento
1964 : Le Dieu noir et le Diable blond (Deus E o Diabo na Terra do Sol)
1967 : Terre en transe (Terra em Transe) – Prix FIPRESCI de la Critique Internationale au Festival de Cannes
1969 : Antonio Das Mortes (O Dragão da Maldade contra o Santo Guerreiro) – Prix de la mise en scène au Festival de Cannes
1970 : Cabezas cortadas
1970 : Le Lion à sept têtes (Der Leone Have Sept Cabeças)
1972 : Câncer
1973 : História do Brasil (documentaire)
1975 : Claro
1979 : Jorge Amado no Cinema – documentaire
1980 : L’Âge de la Terre (A Idade da Terra)
- GLAUBER ROCHA – CINEMATHEQUE FRANCAISE
13 – 21 mars 2025
- Cinémathèque Française
51, rue de Bercy
Paris XII