La vertu, c’est louable, mais ça ne remplit pas les caisses des cinémas. Mae West
- MAE WEST (1893 – 1980) – ACTRICE – CHANTEUSE – SCÉNARISTE AMÉRICAINE
Tapis rouge pour la bête noire des puritains, sulfureuse star des années 1930, autrice, écrivant des rôles à sa mesure, et actrice principale, notamment de Sex – 1926, sa pièce de théâtre puis The Drag – 1927 et Diamond Lil en 1928, devient sex symbol du cinéma à 40 ans.
Investissant Hollywood en reine, mieux payée que les patrons de studios, Mae West sauvera la Paramount de la faillite avec l’immense succès de Lady Lou – Lowell Sherman – 1933 en ouverture de la Rétrospective, puis Je ne suis pas un ange – Wesley Ruggles – 1933 d’une liberté absolue.
En 1934, elle contourne habilement le code Hays, censé contrôler le sexe à l’écran, pour que les censeurs finissent par laisser passer les sous entendus auxquels elle tient.
Dans les années 50, elle choisira Las Vegas pour recréer ses Gay Nineties.
Elle tournera Sextette en 1977.
Ouvrez l’œil sur la carrière fulgurante et les douze films de Mae West, femme libre, féministe, insistant sur la présence d’acteurs afro-américains, icône gay à la démarche chaloupée à hauteur de ses 20 cm de talon, à la Cinémathèque jusqu’au 10 mai 2024.
- Lady Lou (She Done Him Wrong) – 1933 – Lowell Sherman
États-Unis – 66 min
D’après la pièce Diamond Lil de Mae West
Avec : Cary Grant, Mae West, Owen Moore.
Le premier grand rôle de Mae West pour la Paramount (adapté de son succès à Broadway, Diamond Lil) permet à l’actrice de se modeler un personnage sur mesure, qu’elle déclinera tout au long de sa carrière. Regard lascif et voix suave, séductrice impertinente et perspicace, sexuellement libérée, Lady Lou attire, dans son tripot new-yorkais, des hommes pris à leur propre jeu, prêts à offrir une parure de diamants en échange de quelques miaulements sensuels et narquois. Gags verbaux, chansons, costumes et décors : Mae West est souveraine en son film, décide de tout, jusqu’au final cut et la distribution, imposant un jeune acteur pour sa douceur et son allure de gentleman, Cary Grant.
Un film à voir!
Sabine Vaillant
Couleur Bulle
- FILMOGRAPHIE
1932 : Nuit après nuit (Night After Night) de Archie Mayo
1933 : Lady Lou (She Done Him Wrong) de Lowell Sherman
1933 : Je ne suis pas un ange (I’m No Angel) de Wesley Ruggles
1934 : Ce n’est pas un péché (Belle of the Nineties) de Leo McCarey
1935 : Je veux être une lady (Goin’ To Town) de Alexander Hall
1936 : Annie du Klondike (Klondike Annie) de Raoul Walsh
1936 : Go West, Young Man de Henry Hathaway
1937 : Fifi peau de pêche (Every Day’s a Holiday ) d’A. Edward Sutherland
1940 : Mon petit poussin chéri (My Little Chickadee) d’Edward F. Cline
1943 : The Heat’s On de Gregory Ratoff
1970 : Myra Breckinridge de Michael Sarne
1977 : Sextette de Ken Hughes
MAE WEST – APPARAÎTRE : MODE D’EMPLOI PAR MURIELLE JOUDET
- MURIELLE JOUDET
Critique de cinéma au Monde, elle anime une émission d’entretiens sur le site Hors-série. Elle a publié Isabelle Huppert : vivre ne nous regarde pas (Capricci, 2018) et Gena Rowlands : on aurait dû dormir (Capricci, 2021). Elle a aussi écrit La Seconde Femme, un essai sous-titré : Ce que les actrices font à la vieillesse (Premier parallèle, 2022) ainsi qu’un livre d’entretien avec Catherine Breillat, Je ne crois qu’en moi (Capricci, 2023).
- MAE WEST RÉTROSPECTIVE – Cinémathèque Française
2 au 10 mai 2024
- Cinémathèque Française
51, rue de Bercy
Paris XII