GÉRARD ZLOTYKAMIEN 60 ANS D'ÉPHÉMÈRES

L’automne accueille de sa flamboyance GÉRARD ZLOTYKAMIEN pour 60 ANS D’ÉPHÉMÈRES, l’exposition rétrospective du premier artiste d’art urbain dit Zloty, né en 1940 à Paris. Une centaine d’œuvres originales de 1958 à 2023, issues de collections privées, certaines « historiques », d’autres jamais exposées, ainsi que vidéos et photos d’archives, se déploient sur les 300 m² de béton brut à l’invitation de Mathilde et Gautier Jourdain.

A portée de regard de la Bibliothèque François Mitterrand, le geste, l’énergie de Zloty, la lumière traversent ses œuvres, racontant la démarche d’un artiste majeur, discret.

Profondément marqué, seul survivant avec ses parents de leur famille juive d’Europe de l’Est, l’artiste demeure hanté par le souvenir des victimes innocentes et le questionnement sur le besoin de se détruire de l’humanité.

Sculptures Ephémères - Gérard Zlotykamien — Courtesy Galerie Mathgoth

Chacune des silhouettes que Zlotykamien peint sur les murs, les encombrants, les tranches de bois, les toiles ou la sculpture en fer soudé, témoigne des tragédies causées par l’être humain.

Dès 1963, il choisit la rue et l’espace public donnant naissance à ce qui deviendra plus tard le Street Art. Il peuple depuis les rues de ses figures évanescentes qu’il nomme « Éphémères » rappelant l’existence interrompue de peuples innocents et la brièveté de la vie humaine.

Zloty-portrait-poire-a-lavement - 1960 — Portrait Gérard Zlotykamien à la poire à lavement – 1963

Son processus créatif intègre l’environnement, ses trouvailles et s’appuie sur ses explorations de techniques : pétales de fleurs écrasés, craie, l’étonnante poire à lavement, pinceaux, bombes aérosols.

Entrer dans le parcours chronologique dessiné par Gérard Zlotykamien, c’est laisser son imagination atteindre l’essence de la création de l’artiste dans une proximité où affleure sa poésie.

Les œuvres se répondent, résonnent, étirent la pupille, interpellent, ouvrent la mémoire, ponctuées par les photos, vidéos et le portrait vidéo de l’artiste, dense, intime et singulier.

Ainsi s’accrochent au regard l’épure de Personnage Disparu – 1963, la profondeur de la couleur Les Roches – 1963 rare peinture à l’huile, Le souffle de Nagasaki, 9 août 1945 – vers 1957 huile sur toile – 92×66 cm, sur fond rouge l’intense Éphémères – 1970 et toutes les autres dans leurs évolutions jusqu’en 2023 en passant par 2015, Effacement #10 – 1977, la série Les Sacs et la terrible réalité vécue par sa mère dans le camp de concentration de Bergen_Belsen.

Personnage disparu (1963) - Encre sur papier - 76_56,5cm_Zlotykamien_galerie Mathgoth.jpg — *Personnage disparu* -1963 – Encre sur papier – 76_56,5cm – Zlotykamien_Galerie Mathgoth

courtesy galerie Mathgoth — Courtesy Galerie Mathgoth

Nagasaki, 9 août 1945 - vers 1957 - Zlotykamien - galerie Mathgoth — *Nagasaki, 9 août 1945* – vers 1957 – Courtesy Galerie Mathgoth

Éphémères - 2022 - Aérosol sur sac en toile de jute - 138 x 88 cm - Galerie Mathgoth — *Éphémères* – 2022 – Aérosol sur sac en toile de jute – 138 x 88 cm – Courtesy Galerie Mathgoth

Pour Gérard Zlotykamien, ces silhouettes reflètent la certitude que chaque être vivant quelle que soit sa durée de vie est simplement de passage.

Portrait Gérard Zlotykamien - Galerie Mathgoth — Gérard Zlotykamien -2023 – Courtesy Galerie Mathgoth

Ils ne seront pas oubliés. « j’écris de la peinture. J’écris, c’est à dire que je fais des dessins sur des toiles ou sur des murs, ce que je ne peux pas dire avec des mots. » explique Zloty, inventeur du Street Art toujours actif.

Rendez-vous avec la Galerie Matgoth hors les murs pour l’exceptionnelle rétrospective GÉRARD ZLOTYKAMIEN pour 60 ANS D’ÉPHÉMÈRES, jusqu’au 28 octobre 2023.

Sabine Vaillant

Couleur Bulle