- Direct Action – 2024 – Guillaume Cailleau – Ben Russell
En janvier 2018, Édouard Philippe, premier ministre, annonce l’abandon de la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes auquel s’étaient opposés des militants écologistes, mettant un terme au combat mené pendant des années par l’une des plus importantes communautés d’activistes de France.
En immersion dans la ZAD (Zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes entre 2022 et 2023, Guillaume Cailleau et Ben Russell, deux cinéastes posent leur caméra. Ils rendent compte d’une société constituée de divers collectifs qui, après la lutte qui l’a réunie, esquisse à présent les contours d’un autre monde possible, en autonomie, travaillant la terre avec un cheval de labour, pétrissant leur pain, coupant le bois, forgeant leurs outils, élevant leurs vaches, entretenant les lieux. Toutes activités impossibles si l’aéroport avait vu le jour.
Au même moment, à Sainte-Soline, les Soulèvements de la Terre, mouvement écologiste, as’opposent aux méga-bassines et se heurtent, une fois encore, à la violence de l’État. Les deux cinéastes s’y rendent pour filmer la marche du 25 mars 2023 qui se termine en bataille.
Direct Action de Guillaume Cailleau et Ben Russell, documentaire, né de leur observation d’une communauté hétérogène constituée d’une dizaine de collectifs et du vécu avec elle, tourné en 16 millimètres où le temps s’étire en plans séquences où les travaux s’élaborent dans la patience des gestes répétés du quotidien, proposant un autre futur. Aucun discours militant, ni visage, Direct Action à vous de voir!
Sabine Vaillant
Couleur Bulle
- Direct Action – 2024 – Guillaume Cailleau – Ben Russell
France – Allemagne – 3 h 32
Sortie nationale : 20 novembre 2024
Image : Ben Russell
Prise de son : Bruno Auzet
Montage : Guillaume Cailleau + Ben Russell
Sortie nationale : 20 novembre 2024
Distribution : Shellac
- LES CINÉASTES GUILLAUME CAILLEAU BEN RUSSELL
GUILLAUME CAILLEAU
Artiste né en France en 1978, cinéaste et producteur, vit à Berlin. Son travail explore les moyens novateurs d’aborder les questions politiques et sociales. Ses films ont été projetés en festivals (Berlin, New York, Rotterdam, Édimbourg) et son travail exposé dans des institutions telles que le Centre d’Art et Culture de Bangkok, le Musée Royal d’Ontario, la Maison des Cultures du Monde de Berlin ou encore le Centre Pompidou. En 2014, il remporte un Ours d’Argent à la Berlinale pour son court-métrage Laborat. Il est également producteur via sa société, CASKFILMS. DIRECT ACTION est son premier long-métrage.
GUILLAUME CAILLEAU
Né aux États-Unis en 1976. Artiste, commissaire et cinéaste. Son travail est à l’intersection de l’ethnographie et du psychédélisme. Ses films et installations sont en conversation directe avec l’histoire de l’image documentaire, offrant une enquête temporelle sur les phénomènes de transe. Russell a été exposé à la Documenta 14 (2017), son travail a été présenté au Centre Georges Pompidou, au MoMA, à la Tate Modern, au Museum of Modern Art de Chicago, ainsi qu’aux festivals du film de Venise et de Berlin. Il a reçu une bourse Guggenheim en 2008, le prix international de la critique FIPRESCI (IFFR 2010, Gijón 2017) et a présenté ses deuxième et troisième longs-métrages au festival du film de Locarno (2013, 2017). Il vit actuellement à Marseille. DIRECT ACTION est son cinquième long-métrage.
- LA ZAD DE NOTRE-DAME-DES-LANDES
Est une commune essentiellement agricole du nord-ouest de la France, occupée par des squatteurs depuis le début des années 2000, en opposition à un projet régional d’aéroport au budget estimé à 580 millions d’euros. Suite à deux tentatives d’éviction violentes par l’État français en 2012 et 2018, la création d’une zone autonome temporaire et l’abandon subséquent du projet d’aéroport ont contribué à la réputation de cette communauté d’activistes et d’agriculteur·rice·s comme la manifestation la plus réussie du mouvement anti-développement des Zones à Défendre (ZAD) en France.
Bien que le projet initial d’aéroport date des années 1960, le gouvernement français en relance l’idée dans les années 2000. Les agriculteur·rice·s locaux·ales, installé·e·s depuis des générations, répondent à cette initiative en invitant des activistes à s’installer sur le territoire concerné, à la fois pour défendre les terres cultivables mais aussi le fragile écosystème des marais qui serait détruit par un aboutissement du projet. La première tentative lancée par le gouvernement pour chasser les militant·e·s se heurte à la mobilisation de 40 000 manifestant·e·s venus soutenir les ZADistes. Ont suivi six années d’autonomie fonctionnelle de la zone puis, après une longue période de résistance, l’abandon soudain du projet d’aéroport par le gouvernement Macron le 17 janvier 2018.
Immédiatement après, une seconde tentative d’éviction des ZADistes de Notre-Dame-des-Landes s’est tenue pendant dix jours, marquée par de nombreuses violences : plus de 2 500 policiers ont tiré environ 11 000 projectiles sur les 700 résidents ainsi que sur des manifestant·e·s venu.e.s du monde entier. Malgré tout, plus de 150 squatteur·euse·s sont restés sur place et, quatre ans plus tard, plus de vingt collectifs ont obtenu un statut légal dans un contexte « apaisé mais sans véritable compréhension mutuelle ». Aujourd’hui, La ZAD sert également de plateforme organisationnelle nationale et internationale pour les activistes et en 2021, un nouveau mouvement écologique, Les Soulèvements de la Terre, en a émergé.
En 2022, à quelque 200 km au sud, dans le village de Sainte Soline, les Soulèvements ont organisé une grande manifestation contre la privatisation de l’eau. Plus de 10 000 manifestant·e·s se sont trouvés sous le feu de 3 000 policiers qui ont, en l’espace d’une heure, fait usage de plus de 5 000 bombes lacrymogènes et grenades de désencerclement, laissant trente agents de police et plus de deux cents manifestant·e·s blessés, dont deux dans le coma. Le gouvernement français a tout de suite répondu en qualifiant les militant·e·s « d’écoterroristes », tout en demandant la dissolution des Soulèvements de la Terre et en arrêtant ses chefs présumés. C’est dans ce contexte que prend place le dernier acte de DIRECT ACTION.