sabine.vaillant 
- La Machine à écrire et autres tracas – Nicolas Philibert
Dernier volet du triptyque initié avec Sur l’Adamant puis Averroès & Rosa Parks, le film poursuit sa plongée au sein du pôle psychiatrique Paris centre.
En plein tournage sur l’Adamant, Nicolas Philibert découvre l’Orchestre (1) : des soignants bricoleurs au domicile de quelques patients soudain démunis face à un problème domestique, un appareil en panne, etc… Le cinéaste explore cette piste : Restaurer les âmes, réparer les objets.
Sans tambour ni trompette, l’Orchestre constitué ce jour là de Walid et Goulven, se rend chez Patrice dont la machine à écrire se bloque. Empêchant cet auteur de plus de huit mille poèmes en alexandrin de retranscrire le poème du jour. Le mettant dans tous ses états.
Puis c’est au tour de Jérôme et Walid de se pencher sur la tête de lecture du lecteur de CD de Muriel qui s’est arrêtée de tourner, la privant de musique. La plongeant dans un « silence qui frappe la tête ». Allongée sur son lit telle une sculpture de Botero, elle déroule la partition de ce silence qui l’insupporte et la plonge dans les rapides de l’angoisse.
Bruno et Céline viennent ensuite aider Frédéric à faire du rangement. Tout un art que cet ancien élève de l’École des Arts appliqués, aux multiples talents de dessinateur, musicien, poète, bédéiste, pratique à sa manière. D’une culture incroyable, de son humour tout en finesse il revisite le monde.
Le point d’orgue de ce documentaire se pose sur Ivan, merveilleux musicien dont l’imprimante et le lecteur de CD perturbent les lignes de sa portée intime. Alors que Gad son colocataire s’interroge sur la possibilité d’un travail.
Quand réparer n’est pas que technique, mais attention pratique aux autres, l’Orchestre au diapason de ses patients est « comme un pied-de-nez à la novlangue, aux sigles, une façon de remettre la poésie dans notre quotidien, un mode de pensée et de soin alternatifs » Linda de Zitter (2).
LA MACHINE À ÉCRIRE ET AUTRES SOURCES DE TRACAS de NICOLAS PHILIBERT, un documentaire qui clôt un prodigieux triptyque au sein du pôle psychiatrique Paris centre, dont les résonances habiteront possiblement longtemps les âmes de tout un chacun. Un film avec les visiteurs – restaurateurs de l’âme à voir !!!
(1) Orchestre : C’est un acronyme, né d’une réflexion en commun. Ça signifie : Organisation, Rénovation, Collectif, Habitations, Échange, Services, Travaux, Réparation, Entraide. C’est drôle, car ce nom a un signifiant très différent de ce qu’on fait. À l’interphone, on se présente comme “L’orchestre” et pas comme l’hôpital de jour. ”Ils sont quatre ou cinq et interviennent par roulement, deux par deux.
(2) LINDA DE ZITTER- PSYCHOLOGUE CLINICIENNE ET PSYCHANALYSTE A participé à la fondation de l’Adamant et y travaille toujours. Elle a accompagné Nicolas Philibert tout au long de la réalisation des trois films : Sur l’Adamant, Averroès & Rosa Parks, et La machine à écrire et autres sources de tracas.
Sabine Vaillant
Couleur Bulle
- La Machine à écrire et autres tracas – 2024 – Nicolas Philibert
Assisté de : Rémi Jennequin – Pauline Pénichout
Réalisé avec la complicité de : Linda de Zitter
France – 1 h 12
Sortie nationale : 17 avril 2024
Distribution : Les Films du Losange
Coproduction : TS Productions
Avec : Les patients et soignants du Pôle Paris centre
- JÉRÔME – INFIRMIER
Sur l’Adamant depuis un peu plus de quatre ans. J’ai officié neuf ans à Averroès et depuis presque vingt ans dans le secteur hospitalier. J’ai découvert la psychiatrie par hasard, via mon frère qui travaillait déjà dans l’hôpital.
- WALID – ERGOTHÉRAPEUTE
Travaille sur l’Adamant depuis 2017, après une courte expérience dans le 18ème arrondissement de Paris. J’ai découvert la psychiatrie par ma mère, qui était infirmière dans un foyer de postcure – un lieu
d’hébergement thérapeutique destiné aux personnes en sortie d’hospitalisation – lié au centre Sainte-Anne. Elle me racontait pas mal d’histoires, ça m’a toujours intrigué.
- La Cinémathèque française
51, rue de Bercy
75012 Paris
